Thématiques environnementales

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Le sol, un support de production agricole et sylvicole

Page mise à jour le 17-11-2011

1. Une qualité des sols propice aux usages agricoles

 

 

La connaissance des sols est assez développée en Alsace comparativement à d’autres régions. Les guides des sols, réalisés par l’ARAA (Association pour la relance agronomique en Alsace) pour le compte de la Région fournissent une analyse détaillée des sols, de leurs caractéristiques physico-chimiques, de leurs comportements (risques de lessivage des nitrates ou produits phytosanitaires, sensibilité à l’érosion…) et de leurs potentialités. Ces guides couvrent toute l’Alsace hormis les territoires forestiers des Vosges et sont complétés par une cartographie de synthèse au 1/250 000 intégrant la montagne vosgienne. Des études pédologiques, réalisées dans le cadre des aménagements fonciers, notamment dans le Haut-Rhin, contribuent également à l'amélioration de la connaissance. Les sols ne font toutefois pas l’objet d’une politique de gestion globale, comme c’est le cas pour la nappe d’Alsace.

Très schématiquement, on peut regrouper les sols alsaciens en quatre grandes familles au regard de leur potentialité agronomique : 


Ces différences de potentialité agronomiques expliquent les contrastes des différents types d'agriculture et de paysages alsaciens : la plaine d'Alsace, le Kochersberg et le piémont étant principalement consacrés à la production céréalière et au vignoble d'une part, le massif vosgien, le Sundgau ouest et l'Alsace bossue ayant plutôt une vocation d'élevage.

Il faut souligner que la forêt contribue à valoriser un certain nombre de sols "pauvres" : sols humides ou sableux de la plaine alluviale, sols acides en zone de montagne sur grès, roches métamorphiques...

2. Un grignotage des terres agricoles par l’urbanisation

 

 

Entre 2000 et 2008, chaque année l'agriculture perd environ 600 ha de terres au profit de l'urbanisation (source Région - CIGAL, base de données occupation du sol - BdOCS, 2000 et 2008), soit un recul de 1,2% des surfaces agricoles sur cette période. Si l'agriculture est déjà une forme d'artificialisation par rapport aux sols des espaces naturels, leur transformation en espaces urbains est, elle, irreversible. Trop longtemps, les espaces agricoles ont été considérés comme des réserves inépuisables pour l'expansion urbaine. Une vision qui doit s'inverser tant pour la pérénité et la viabilité économique de l'activité agricole, que pour la fonctionnalité écologique des territoires pour laquelle les espaces agricoles jouent un rôle majeur.

 

3. Une détérioration de la qualité des sols sous l'influence de leur exploitation

 

3.1. L’érosion des terres agricoles, une problématique bien présente dans les collines limoneuses et le piémont viticole

Sensibilité des sols à l'érosion
Cartographie ARAA

Comme dans d’autres régions françaises, les phénomènes d’érosion hydrique des sols agricoles se sont accrus en Alsace depuis quelques décennies. Des sols sensibles à la battance, associés au développement de cultures de printemps, qui laissent des sols peu couverts au moment des orages (mai juin), ainsi que l’extension des zones imperméabilisées, modifient les caractéristiques d’écoulement des eaux de ruissellement. Les principales conséquences en terme d’hydrologie sont une augmentation des coefficients de ruissellement et une diminution des temps de concentration. Il peut en résulter des phénomènes d’érosion des sols agricoles, une contribution plus forte aux crues, voire la formation de coulées boueuses, et le transfert de fertilisants et de produits phytosanitaires vers les plans d’eau et les rivières. Si les acteurs régionaux s’accordent à dire que l’érosion impacte négativement la fertilité des sols et la production agricole, il n’existe pas de données quantifiées globales pour l’étayer. L’ARAA dispose d'un modèle d'érosion utilisable à l'échelle de bassins versants pour évaluer les pertes en terre, les pointes de débit et estimer l'efficacité des mesures préventives.

La profession agricole et les collectivités tentent de trouver, ensemble, des solutions agronomiques et hydrauliques pour enrayer ces phénomènes. Des mesures agroenvironnementales (MAE) concernent spécifiquement  la maîtrise du risques d’érosion des sols agricoles. Dans le Haut-Rhin, elles sont mises en oeuvre dans le cadre des GERPLAN. Des actions expérimentales et pilotes sont par ailleurs menées par l’ARAA, les Départements et les Chambres d’agriculture en termes d’assolements, de techniques culturales et de petits aménagements hydrauliques.

 

3.2. La diminution des taux de matière organique

La matière organique du sol assure de nombreuses fonctions agronomiques et environnementales. Elle joue un rôle de tampon vis-à-vis des autres milieux (biosphère, eaux, sous-sol) et participe au cycle des gaz à effet de serre. Elle améliore la fertilité, l’aération, la réserve en eau et la biodiversité du sol. Elle limite la compaction et l’érosion hydrique et favorise le piégeage des métaux toxiques ou des micropolluants organiques. Elle provient de la transformation des débris végétaux par les organismes vivants, essentiellement les micro-organismes.

Le Groupement d’intérêt scientifique Sol (GIS Sol) gère un système d'information sur les sols de France, mais il n'y a pas d'exploitation de ces données à l'échelle régionale permettant de dégager des tendances. Les acteurs alsaciens s’accordent cependant à dire qu’il existe en Alsace des sols dont le taux de matière organique atteint des seuils "limites".

4. Des dégradations d'origine agricole mais aussi industrielle et urbaine

 

Les métaux lourds sont naturellement présents dans les sols, comme héritage de l’altération des roches. Certains sont indispensables, en quantités très faibles, à la vie (oligo-éléments : cuivre, fer, zinc, bore...), d'autres au contraire indésirables (plomb, mercure, cadmium...). Ils peuvent également provenir de contaminations locales liées à des activités industrielles ou d’apports agricoles concentrés. Les contaminations diffuses sont liées aux apports par voie aérienne (rejets industriels, transports) et aux épandages agricoles. Au-delà d’un certain seuil et suivant leur nature chimique, les métaux lourds peuvent devenir toxiques pour l’homme et un grand nombre d’espèces végétales ou animales, s’accumuler dans les chaînes alimentaires des écosystèmes et altérer la biodiversité des sols. On parle alors de pollution des sols (voir aussi Des pollutions des sols et du sous-sol liées à une activité industrielle intense).

Concernant les métaux lourds liés aux activités humaines, la qualité et l’épandage des boues de station d’épuration sont relativement bien suivis et aucune situation à problème n’a été identifiée. Il n’existe toutefois, là encore, pas d’exploitation à l’échelle régionale des données disponibles via le suivi de l’épandage des boues, ou via la base de données éléments traces métalliques du GIS Sol, pour pouvoir donner un état plus précis de la situation. Cependant, en ce qui concerne le cuivre, utilisé historiquement (mais encore aujourd'hui) dans la composition des produits phytosanitaires répandus dans les vignobles, le rapport sur les pollutions par le cuivre des sols des vignobles réalisé par la Conférence du Rhin supérieur en 2009 fait état d’une présomption forte de la présence d’un excès relatif de cuivre dans les sols du vignoble alsacien.

A noter que tous les sols de la vallée de la Liepvrette contiennent naturellement des teneurs en métaux lourds plus élevées que la moyenne, issus des filons métallifères du massif vosgien, pouvant parfois dépasser les limites autorisées pour l’épandage des boues des stations d’épuration.