Thématiques environnementales

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Les coulées d'eaux boueuses, autre risque fréquent mais plus localisé

Page mise à jour le 04-01-2012

1. De nombreuses communes touchées, notamment dans les collines limoneuses de grandes cultures et le piémont viticole

 

L’érosion hydrique des sols, à l’origine de la coulée d’eau boueuse, se produit en Alsace dans des conditions particulières, sous l’influence d’évènements pluvieux localisés, intenses et souvent de courte durée, principalement sur des secteurs ruraux de collines. Ces phénomènes surviennent au printemps (mai à juillet) lorsque la couverture végétale des sols est faible (maïs, houblon, vigne) et peuvent causer en aval des dommages importants lorsque les coulées affectent les infrastructures et les habitations. Au-delà de la sécurité des personnes et des biens, les coulées boueuses peuvent également nuire à la qualité des cours d’eau (transport de polluants, modification des berges et envasement du lit…) et au capital sol, outil de production pour l’agriculture.

Le risque de coulées d’eau boueuse concerne près de 40 % des communes alsaciennes (source DREAL) et plus particulièrement celles du piémont viticole, du Kochersberg dans le Bas-Rhin et du Sundgau dans le Haut-Rhin.

2. Des phénomènes liés au changement des pratiques culturales et au développement de l’urbanisation

 

L’érosion des sols en Alsace n’est pas un phénomène nouveau : il est attesté dans des documents d’archives. Cependant les coulées d’eau boueuse se sont certainement accrues ces trente dernières années. Elles sont en effet favorisées par l’extension des surfaces en cultures de printemps et la diminution des surfaces en herbe dans une région où mai et juin sont les mois où surviennent des pluies de forte intensité et des orages. Par ailleurs l’imperméabilisation des sols dû à l’urbanisation, qui s’est souvent étendue en suivant les fonds de vallons, contribue à la fois à augmenter le ruissellement et à la disparition des zones "tampons" que constituaient les vergers et prairies.

3. Une connaissance et des actions préventives qui se renforcent

Fréquence des coulées boueuses
Cartographie Université de Strasbourg

Il n’existe pas de données de synthèse du phénomène, ni de son évolution ou de son impact sur les secteurs touchés. Toutefois, l’Université de Strasbourg a pu cartographier le nombre de coulées d'eaux boueuses par commune depuis 1985, à partir de l’exploitation de la base de données nationale des catastrophes naturelles. Par ailleurs, une analyse de la sensibilité des sols à l'érosion et aux coulées d’eaux boueuses par bassin versant a été réalisée par l’Association pour la relance agronomique d’Alsace pour le compte de l’Etat et des deux Départements.

Les acteurs alsaciens s’organisent et travaillent conjointement à l’amélioration de la connaissance du phénomène (cartographies, photos aériennes, diagnostic du risque, retour d’expériences...), à la diffusion aux communes des connaissances sur ce risque et à la réalisation d’actions partenariales visant à le prévenir. Il faut agir à l’échelle du bassin versant et privilégier la prévention du ruissellement et de l’érosion aux actions "curatives", en utilisant un panel de solutions impliquant les divers acteurs concernés :


Le Département du Bas-Rhin a mené en 2009 une importante campagne de communication sur ce sujet et a monté un comité de pilotage multi-partenarial, associant notamment les représentants du monde agricole. Le Département du Haut-Rhin intervient dans le cadre de la politique GERPLAN (plan de gestion de l'espace rural et périurbain) qui vise entre autres à diminuer le risque de coulées de boue : les actions portent sur l'assolement agricole et sur l'aménagement du bassin versant (bandes tampons, bassins de rétention...).

Pour deux communes (Blotzheim et Hésingue) du Haut-Rhin concernées par ce risque, un PPR multirisques "inondation et coulées d’eaux boueuses" a été prescrit (Voir aussi Un avancement contrasté des procédures règlementaires de maîtrise de l’urbanisation en zone inondable). Mais, il n'est à ce jour pas envisageable de généraliser ce dispositif pour l'ensemble des communes concernées, les évènements et les dommages n’ayant pas été assez bien documentés dans le temps.