Thématiques environnementales

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Les inondations, le risque naturel le plus présent

Page mise à jour le 13-01-2016

1. Deux tiers des communes alsaciennes touchées par le risque inondation

Zones inondables

Les débordements des cours d’eau ou crues et les remontées des nappes d'eau souterraines sont les principales causes du risque d’inondation. Bien qu'il ne s'agisse pas d'un risque naturel, on peut y assimiler les ruptures de digues et barrages. L’enjeu est important en Alsace : 60% des communes sont concernées (source DREAL) et on estime que près de 220 000 habitants résident en zone inondable (source Ministère en charge de l'écologie - SOeS) soit plus de 10% de la population.

On distingue deux grands types de crues en Alsace : les crues de plaine à cinétique lente dues à de longues périodes de pluie intense, et les crues dites vosgiennes, à cinétique rapide voire torrentielle, dues à une forte pluviométrie sur la montagne, le plus souvent associée à un redoux faisant fondre la neige. Les phénomènes d'inondations sont aggravés par les aménagements réalisés sur la plupart des cours d’eau (canalisation, busages, aménagement des berges…) qui accélèrent les écoulements, ainsi que par les profondes modifications du cours du Rhin depuis le milieu du 19ème siècle. L'imperméabilisation des sols liée à l'urbanisation et le développement des grandes cultures au détriment des prairies, en réduisant l'infiltration et en accélerant le ruisellement, sont aussi des facteurs d'augmentation des aléas. Il faut rappeler que les crues constituent des phénomènes naturels liés à la vie du cours d’eau et nécessaires au fonctionnement des écosystèmes aquatiques. La vulnérabilité de la population est provoquée en particulier par l'urbanisation et l'implantation d’activités dans les zones d’expansion de ces crues.

Se manifestant sur une partie importante de la plaine d'Alsace, les inondations par remontée de la nappe phréatique sont très localement aggravées par l’arrêt des pompages industriels suite à la fin de l’exploitation des mines du bassin potassique.

2. Une connaissance encore perfectible et une information à diffuser

 

Si elle reste encore perfectible (bassins versants non couverts, données parfois anciennes et peu précises), particulièrement dans le Bas-Rhin, la connaissance du risque inondation s'appuye sur :

 

En termes d’information sur les risques, qu’ils soient naturels ou technologiques, chaque département est doté d’un dossier départemental des risques majeur établi par l'Etat. Des porters à connaissance sont également transmis par l'Etat aux communes soumises au risque inondation (cela avait été réalisé pour 70% des communes concernées en mars 2011 - source GASPAR).

Les communes concernées par un PPRi prescrit ou approuvé ont l’obligation d’informer la population sur les risques. Globalement les actions relevant de la compétence des communes - dossiers d’information communaux sur les risques majeurs (DICRIM), plans communaux de sauvegarde (PCS), installation de repères de crues, affichage communal sur les risques et consignes de sécurité - étaient peu mises en œuvre dans la région. Ce sont pourtant des outils incontournables pour la transmission d’une culture du risque, qui doit mettre la population en capacité d'agir et de se protéger en connaissance de cause le moment venu. Pour y répondre, les services de l'Etat dans le Bas-Rhin ont lancé, en 2010, une campagne spécifique de mobilisation des communes.

Les vecteurs d’information sur les risques majeurs se sont cependant développés et renforcés, notamment par la mise à disposition sur internet de données relatives à la connaissance des risques et à la prévision. Il s'agit notamment du site national Vigicrue qui publie des bulletins de vigilance des crues élaborés chaque jour par les services de prévision des crues, et pour le Haut-Rhin des informations du réseau de station de mesure de débit des rivières et d'une prévision des débits des cours d'eau à 10 jours. A noter qu’un système spécifique a été mis en place sur le territoire de la Communauté urbaine de Strasbourg, pour l’alerte par téléphone de la population en cas de risque majeur. 

On peut aussi rappeler l'obligation d'information qui s'impose aux vendeurs ou au bailleurs de biens immobiliers situés dans des zones couvertes par un plan de prévention des risques technologiques ou par un plan de prévention des risques naturels prévisibles, prescrit ou approuvé, ou dans des zones de sismicité définies par décret en Conseil d'Etat, d'informer les acquéreurs ou locataires des risques visés par ce plan ou ce décret. A cet effet, un état des risques naturels et technologiques est établi à partir des informations mises à disposition par le préfet (sites des préfectures du Bas-Rhin et du Haut-Rhin).

3. Un avancement contrasté des procédures règlementaires de maîtrise de l’urbanisation en zone inondable

Risques d'inondation et avancement des procédures réglementaires

Le territoire alsacien, déjà densément occupé, connaît un important développement de l'espace urbanisé. Sa maîtrise dans les zones inondables est très importante compte-tenu des enjeux humains, économiques et environnementaux. C'est l'objectif des plans de prévention du risque inondation (PPRi). Ils remplacent progressivement, depuis 1995, les plans d’exposition au risque inondation (PERi) et les périmètres de risques délimités au titre de l'article R.111-3 du code de l'urbanisme.

A ce jour, 14 PPRi ont été approuvés ou prescrits. Ils concernent plus de 300 communes. De ces 14 PPRI, 10 sont approuvés : 4 dans le Bas-Rhin (Sélestat-Ebersheim, Sarre, Mossig et Zorn) et 6 dans le Haut-Rhin (Ill amont, Doller, Fecht, Thur, Largue et Lauch). Quatre autres sont prescrits et non encore approuvés (CUS, Bruche, Moder-Zinsel pour le Bas-Rhin, Blotzheim-Hésingue pour le Haut-Rhin). le PPRi de la Largue devrait par ailleurs être révisé.

Des réflexions sont en cours à l’échelle régionale sur l’amélioration de l’intégration du risque inondation dans l’urbanisme et le développement de programmes d’actions de prévention des inondations (PAPI), dans le cadre de l'appel à projet national lancé en 2011. Ils viseront à accompagner la mise en œuvre des PPRi par des actions d’information préventive des populations, de connaissance du risque, des travaux de prévention (reconquête de champs d'expansion de crues) ou de protection... Ils s'inscrivent dans le cadre de la mise en œuvre de la directive européenne de 2007 relative à l’évaluation et à la gestion des risques inondation qui devrait permettre de renforcer l’approche française actuelle.

Enfin, si des incertitudes demeurent encore quant à l’impact du changement climatique sur l’augmentation des précipitations et par conséquent sur l’hydrologie des bassins versants, la politique de prévention des inondations doit désormais prendre en compte cette problématique.

4. La rupture de digues et barrages, une probabilité faible mais de lourdes conséquences potentielles

Principaux ouvrages hydrauliques
Cartographie DREAL Alsace

L’Alsace présente de nombreux ouvrages hydrauliques (barrages et digues) classés suivant les enjeux qu'ils représentent pour la sécurité publique (de A pour les plus grands à D) : 4 barrages de classe A (retenues vosgiennes), 13 de classe B (dont les ouvrages du Rhin, gérés en relation étroite avec les autorités allemandes), 13 de classe C, plusieurs centaines d'ouvrages de classe D dont le recensement est en cours, un linéaire de digues de l’ordre de 500 km, notamment le long des vallées vosgiennes, de l’Ill et du Rhin. Le confortement ou la réalisation de digues se poursuit en particulier dans les vallées du Giessen et de la Bruche et dans le Haut-Rhin.

La rupture de digues et barrages peut être instantanée, dans le cas d’ouvrages maçonnés, ou progressive, dans le cas d’ouvrages en remblai, et à l’origine de conséquences catastrophiques du fait de la formation d’une onde de submersion et d’une élévation brutale et rapide du niveau de l’eau à l’aval. A l’exception de certaines parties des aménagements hydroélectriques du Rhin, la plupart des grands barrages de la région sont des barrages en remblai.

La prévention, et notamment l’inspection et la surveillance des ouvrages, permet de déceler les éventuelles anomalies ou faiblesses, et d’y apporter les remèdes adéquats. L’entretien et la surveillance des ouvrages sont de la responsabilité de l'exploitant, l'Etat en assurant le contrôle. Pour les plus importants d’entre eux, la loi impose la réalisation d’une étude de danger débouchant sur une étude de réduction des risques.



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