Thématiques environnementales

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Une répartition de la ressource en eau contrastée entre le fossé rhénan et les autres secteurs

Page mise à jour le 02-05-2012

1. Un réseau hydrographique sous la double influence des Vosges et du Rhin

 

La ressource en eau en Alsace

Le relief du massif vosgien place la totalité du territoire alsacien dans le bassin hydrographique du Rhin. La partie nord de l’Alsace (jusqu’à Strasbourg) est caractérisée par un réseau hydrographique orienté ouest-est qui alimente le Rhin directement, ou indirectement via la Sarre et ses affluents pour l’Alsace Bossue. Au sud de Strasbourg, le réseau hydrographique devient plus complexe, avec des cours d’eau descendant des Vosges pour converger vers l’Ill, principal affluent du Rhin. Les cours d'eau vosgiens présentent des débits moyens de quelques mètres cubes par seconde à quelques dizaines de mètres cubes par seconde.

Entre Ill et Rhin, entre Colmar et Strasbourg, le réseau hydrographique naturel est constitué par un réseau plus diffus de petits cours d’eau et de chenaux. Ils constituent localement des milieux humides remarquables et caractéristiques (les rieds), et marqués par des cours d'eau phréatiques dus à la nappe.

Le cours du Rhin a été profondément modifié pour le besoin des activités humaines. Il a été progressivement endigué depuis le milieu du 19ème siècle et s’écoule aujourd’hui dans un chenal principal d’environ 300 m de large, alors que son lit naturel constituait une zone d’écoulement de 2 à 3 km de large. De Bâle à Volgelsheim, le Vieux Rhin double ce chenal appelé canal d’Alsace qui présente un débit d'environ 1100 m³/s. Des canaux de dérivation ont été aménagés à partir de Marckolsheim pour permettre l’exploitation du fleuve pour la production d’énergie hydroélectrique.

 

 

2. Une ressource en eau souterraine exceptionnelle et d’importance stratégique   

 

2.1. La nappe d'Alsace, une ressource importante mais vulnérable

La nappe alluviale rhénane (dite nappe d'Alsace sur sa partie française) affleure dans la vallée de l’Ill et du Rhin en France et en Allemagne. Elle constitue la nappe la plus importante d’Europe en raison de son étendue, de son épaisseur et du volume d’eau stocké, estimé à 35 milliards de m³ pour la partie alsacienne. Le renouvellement de cette réserve, par les précipitations qui s'infiltrent et par les apports du Rhin et de ses affluents en relation avec la nappe, est estimé à 3 milliards de m3 par an, soit environ 8%. La piézométrie évolue en fonction des années et des secteurs mais globalement le niveau moyen reste stable depuis l'achèvement de l'aménagement du Rhin (centrales hydrauliques et grand canal d'Alsace). Depuis 1970, les deux périodes de basses eaux sont 1970-76 et 1990-93, la dernière période de hautes eaux a été enregistrée en 1982-83. L'année 2010 ne présente qu'un déficit de 4% par rapport à la moyenne.

La nappe alluviale rhénane présente une productivité importante qui facilite son exploitation. Si elle ne pose aujourd'hui aucun problème de quantité, en revanche, la faible profondeur et les composantes de son "toit" la rendent particulièrement sensible et vulnérable aux pollutions diffuses ou ponctuelles, d’origines industrielle, agricole ou domestique. Cette vulnérabilité est accentuée par les fortes relations qui existent entre la nappe et les cours d’eau.

Sa localisation dans une zone densément peuplée et fortement exploitée sur le plan économique lui confère une importance stratégique, sa gestion nécessitant de plus une approche transfrontalière.

 

2.2. Une double vulnérabilité en quantité et en qualité pour les autres masses d'eau souterraine

D’autres nappes, moins étendues et moins productives, sont également importantes notamment pour l’alimentation en eau potable : les nappes superficielles du Sundgau et du Jura alsacien, la nappe des grès vosgien, le champ de fractures de Saverne. Elles peuvent ponctuellement présenter des problèmes de disponibilité et de qualité, mais il y a peu de données globales pour caractériser cette situation en dehors de la nappe du Sundgau qui a fait l'objet d'un inventaire en 2003 et 2010 (conjointement avec la nappe rhénane). 

3. Des enjeux forts en termes de biodiversité attachés à la qualité des ressources en eau

 

La présence d’un réseau hydrographique aussi dense, avec de vastes zones inondées de façon temporaire et des nappes affleurantes, explique l’importance des zones humides (bande rhénane, milieux riediens…). Elles constituent de véritables réservoirs de biodiversité et jouent un rôle essentiel de limitation des crues, soutien des étiages, recharge de la nappe phréatique, maintien de la qualité de l’eau… Si ces zones humides et aquatiques font l'objet de nombreuses mesures et de projets partenariaux régionaux et transnationaux, leur fonctionnement a été fortement perturbé par les activités humaines. Les amonts des cours d’eau (Vosges, Sundgau...) constituent également des milieux aquatiques particulièrement riches, reconnus comme des réservoirs biologiques à préserver.

4. Une situation contrastée en matière de connaissance de la ressource

 

4.1. Des réseaux de suivi de la qualité et de la quantité des masses d'eau

En Alsace, comme partout en France, les ressources en eaux font l’objet d’un suivi de leur état quantitatif et de leur qualité chimique, ainsi qu’écologique pour les eaux de surface. Il est assuré par l’Agence de l’eau et la DREAL et s’inscrit désormais dans un programme de surveillance de l’état des eaux tel que prévu par la directive cadre sur l’eau et au regard de l’objectif de "bon état" des masses d'eau. Le contrôle sanitaire de la qualité de l’eau destinée à la consommation humaine est assuré par l’Agence régionale de santé (ARS).

 

4.2. Une connaissance partagée avec l'Allemagne sur la nappe rhénane

En complément, les partenaires régionaux, notamment la Région, sont mobilisés pour l'amélioration de la connaissance du fonctionnement et de l’état de la nappe d'Alsace. Ainsi depuis 1973, la qualité des eaux de la nappe fait périodiquement l'objet d'un inventaire global, élargi dans le cadre d'un partenariat avec l'Allemagne et la Suisse depuis 1997.

L’association pour la protection de la nappe phréatique de la plaine d’Alsace (APRONA) a été créée à l’initiative de la Région, de l’Agence de l’eau, des Départements et de l'Etat et assure la gestion des réseaux d'observation régionaux. Les travaux transfrontaliers ont permis la réalisation d’outils de gestion de la nappe à l’échelle du Rhin supérieur : cartes de qualité, bases de données, coupes hydrogéologiques, modèles hydrodynamiques, animations pédagogiques, indicateurs.

Le niveau de la nappe est suivi en permanence par l'APRONA afin de vérifier en particulier que les volumes d’eau prélevés n’excèdent pas les apports naturels d’eau à la nappe. La qualité globale de la nappe est également suivie tous les 6 ans environ lors du diagnostic complet réalisé sur un réseau de plus de 700 points de mesures par la Région Alsace. Le dernier inventaire date de 2009.

Hormis, la nappe du Sundgau qui fait également l'objet de suivis réguliers dans le cadre de l'inventaire ci-dessus, les nappes d’un enjeu moindre que la nappe d'Alsace sont moins bien connues.

En ce qui concerne les eaux superficielles, les Départements contribuent également à la connaissance à travers les actions qu’ils portent ou soutiennent : réseau d'intérêt départemental, observatoire de l’eau et schémas d'aménagement, de gestion et d'entretien écologique des cours d'eau (SAGEECE) dans le Bas-Rhin, études globales par cours d’eau dans le Haut-Rhin...



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